Paris, 25 septembre 13h – Bruno Le Maire a reçu la délégation d’Ascoval, mardi matin à Bercy. Le ministre a été clair : il veut que l’aciérie de Saint-Saulve soit reprise. «Nous allons travailler, dans les cinq semaines qui viennent, exclusivement sur l’option de reprise d’Altifort. Nous devons mettre toutes nos énergies à garantir la pérennité du site d’Ascoval. » Ce mercredi, le tribunal de commerce de Strasbourg devrait décider d’un report, toutes les parties le demandant, afin d’avoir le temps de travailler le dossier de reprise d’Altifort.
Depuis 2017, Ascoval a fait la preuve de sa capacité à être rentable par ses efforts
Créée en 1975 par le groupe Vallourec, l’aciérie de Saint-Saulve près de Valenciennes, spécialisée dans les aciers spéciaux (haute qualité), est devenue Ascoval en janvier 2017, un outil de production industriel moderne et hautement opérationnel. Au total, près de 150 millions d’euros ont été investis par Vallourec dans cette usine au cours des dix dernières années.
Ascoval était destinée à alimenter les usines de ses deux actionnaires (Vallourec à 40% et Asco Industries à 60%), ses deux clients exclusifs. Selon les accords entre actionnaires, Ascoval ne pouvait pas être actif directement sur le marché, ce qui limitait Ascoval jusqu’ici à ces deux clients.
Deux événements majeurs ont modifié la situation d’Ascoval : la chute des prix du pétrole en 2014 qui ont affecté les commandes de la gamme « énergie » de Vallourec et donc impacté l’activité de l’usine ; puis la liquidation judiciaire d’Asco Industries en février 2018 (principal actionnaire et client d’Ascoval).
Depuis, Ascoval a pour seul actionnaire Vallourec. « On va passer d’un statut de coopérative en quelque sorte, à un nouveau modèle économique et commercial ‘multi-clients’ », explique Cédric Orban, CEO d’Ascoval.
La nouvelle équipe de direction arrivée en 2017 et conduite par Cédric Orban a réalisé, dans cette optique, un travail de redressement exemplaire de l’outil industriel grâce à :
Des efforts importants de production et de rentabilité :
Par l’engagement des salariés et des syndicats, la nouvelle direction a depuis 2 ans, considérablement amélioré les performances de l’aciérie. Les coûts de production ont ainsi été réduits de plus de 30% de 400 à 270 €/t.
Le soutien des salariés :
Fin août les trois organisations syndicales ont signé un nouvel accord d’aménagement du temps de travail, avec perte de plus de la moitié des jours de RTT, conscientes de l’importance de la compétitivité.
L’effectif est passé de 325 à 281 salariés en un peu moins de deux ans uniquement par le non remplacement des départs naturels et la formation.
La confiance de nouveaux clients qui s’engagent à maintenir leurs commandes
Ascoval a des lettres d’engagements de nouveaux clients, pour la plupart des groupes technologiques, pour les deux années à venir, ce qui montre le redéploiement rapide du groupe vers un modèle ‘multi-clients’.
Pour assurer sa pérennité, ASCOVAL a trouvé des repreneurs
Après la liquidation d’Asco Industries, un appel d’offre initié par les administrateurs judiciaires a permis d’identifier deux candidats à la reprise d’Ascoval : Boost un groupe iranien qui a fait une lettre d’intention (mais projet menacé par l’embargo américain), et une offre ferme d’Altifort.
Altifort est un groupe industriel franco-belge spécialisé dans la mise en œuvre de matériaux spéciaux (aciers spéciaux, titane, aluminium, etc.) pour des applications de pointe (automobile, militaires, nucléaires, navales, spatiales, etc.). Le groupe Altifort emploie environ 1 200 personnes et affiche un chiffre d’affaires 2018 estimé à 140 millions d’euros.
Une nouvelle activité créatrice d’emplois et viable économiquement
Altifort prévoit d’investir dans un « Train à Fil » (outil de laminage des barres d’acier pour les transformer en « fil machine » , sur le site d’Ascoval pour servir un marché captif (les tréfileries d’Altifort récemment achetées à ArcelorMittal), ainsi que des clients directs (déjà identifiés à ce jour). La hausse de l’activité et la poursuite de l’amélioration du site (dont une large partie est identifiée à ce jour) baisseraient les coûts de production actuels de plus de 30% (de 270€/t à 185€/t).
Altifort financerait le projet à hauteur de 140 m€. Pour accompagner le redéploiement d’Ascoval vers un modèle ’multi-clients’, une contrepartie est demandée à Vallourec sur les 18 premiers mois de la reprise :
- maintien des volumes de commandes et des conditions de prix actuelles ;
- remise en état des halles ;
- prise en charge de compteurs temps des salariés sur la période avant 2017
« La transition vers un nouveau modèle économique nécessite pour Ascoval un accompagnement de quelques mois par notre ancien actionnaire et client exclusif », explique Cédric Orban.
Le projet autour d’une filière complète est robuste industriellement, commercialement et économiquement. Il répond en même temps à des enjeux industriels et commerciaux de filière pour Vallourec. Ascoval est en effet le fournisseur unique en Europe pour Vallourec d’aciers spéciaux (fleuron de la gamme Vallourec) et est capable d’honorer des commandes de petit volume à délai court.
Ascoval serait enfin doté d’une solution assurant sa pérennité et le développement de l’activité conduirait à embaucher, l’effectif passant de 281 à 414 salariés.
L’audience du Tribunal de Commerce de Strasbourg de mercredi 26 septembre : un point d’étape
L’audience du 26 septembre est une étape intermédiaire pour le dépôt des offres de reprises.
« Nous sommes confiants dans les conclusions du Tribunal, » explique Cédric Orban, CEO d’Ascoval.
Contreparties demandées à Vallourec :
- La prise en charge de compteurs temps des salariés sur la période avant 2017 (période de gestion par Vallourec) pour un montant estimé à 6m€ (estimation haute)
- La prise en charge des travaux de remise en état de halles appartenant à Vallourec et situées dans l’usine pour y installer le Train à Fil pour un montant estimé de 12 m€ (estimation haute)
- Le maintien du volume de commandes : 135 kt/an pendant 18 mois
- Le maintien des prix : 248 €/t pour les aciers ordinaires sur 18 mois